Comme vous le savez, sur Parfums de Livres, j'aime aller à la rencontre de nouveaux éditeurs, vous faire découvrir de "nouveaux horizons". Curieuse d'en apprendre plus sur Vert Pomme (découvrir leur site), j'ai demandé à son éditrice Séverine Dalla de répondre à quelques questions. Voici ses réponses:
1. Vert Pomme est une toute
jeune maison d'édition (cf. elle est née en octobre 2012) mais compte déjà 5
albums à son actif.
Comment avez-vous eu l'idée de
cette maison ?
En fait, j'ai commencé par
illustrer. Après avoir quitté mon précédent métier (avec lequel je n'avais plus
vraiment d'objectifs communs... mais qui m'a permis de mesurer à quel point
l'activité humaine pouvait avoir des conséquences sur l'environnement et la
santé, à court ou long terme), je me suis formée à l'illustration jeunesse et j'ai
pas mal regardé en parallèle tout ce qui concernait l'impression, l'édition...
C'est en tant qu'illustratrice que j'ai commencé à travailler avec les éditions
Arthur et Cie (une autre maison d'édition éco-citoyenne), nous nous étions
rapidement trouvé des affinités, forcément, donc mes premiers projets
d'écriture et de dessin se sont naturellement fait dans leur ligne éditoriale.
L'an dernier, j'ai enfin pu me
poser et réfléchir à mon propre projet, il me trottait dans la tête depuis
assez longtemps...
Vert Pomme est donc une
micro-structure éditoriale - je suis seule à la gérer pour le moment, et la
diffusion, qui est seulement en développement (et c'est compliqué), est assurée
par des agents commerciaux indépendants, pas de « gros » diffuseurs...
- qui a pour but de publier des ouvrages jeunesse (à partir de 5 ans, et
jusqu'à 9-10 ans) sur des sujets exclusivement liés à la nature, à la
protection de l'environnement et aux écogestes.
Ceci la rapproche énormément
d'Arthur et Cie (nous nous distribuons d'ailleurs mutuellement et nos
collections sont complémentaires), nous nous différencions par la forme des
livres et les tranches d'âge visées. Côté livres, je ne publierai en effet QUE
des petites bandes dessinées, des choses toutes simples mais qui sont plutôt
accessibles à partir du CP. Elles comporteront la plupart du temps suffisamment
de récitatifs pour que les histoires puissent aussi être racontées aux enfants
non-lecteurs ou en tout début d'apprentissage.
J'adore la BD... et à travers de
nombreuses discussions, interventions en milieu scolaire etc. j'ai eu
l'impression qu'il y a un public un peu « oublié » - même si quelques
maisons font l'effort de proposer des BD pour les très jeunes.Raison pour
laquelle je tiens à cette forme pour Vert Pomme.
2. Vert Pomme est une maison
d'édition très engagée.
Vous défendez des valeurs
écologiques et essayez à travers différentes histoires/situations de
sensibiliser les plus jeunes.
Pouvez-vous nous en apprendre
un peu plus sur la fabrication de vos ouvrages (En quoi se distinguent-ils des
autres albums) ?
En effet, même si les histoires
sont de pures fictions et pas des documentaires, on sent tout de suite qu'il y
a un « message » derrière chacune d'elles ! Message qui reste léger,
mais qui donne lieu à des pages plus documentaires en fin de livre.
Pour être cohérente avec l'esprit
de ses publications, je fais bien entendu imprimer mes livres en France (pour
le moment, en Bretagne), par un professionnel engagé dans le respect de
l'environnement. Les livres sont fabriqués avec des papiers issus de forêts
gérées durablement.
Beaucoup d'imprimeurs sont
maintenant Imprim'Vert, PEFC ou FSC, ISO 14001... donc ce point n'est plus
exceptionnel, mais pour des petites maisons et des tirages assez faibles (1000,
1500 exemplaires maximum), c'est un surcoût notable par rapport à des
prestations effectuées dans d'autres pays européens ou hors-europe, et sans ces
normes...
La seule concession que j'ai dû
faire à l'impression « verte » est le pelliculage des couvertures. Ce
n'est pas très écologique... mais pour des ouvrages souples censés passer de
main en main dans les collectivités (en plus des familles), c'est le minimum de
garantie que je peux offrir pour la tenue des livres et surtout la résistance à
la salissure (la solidité intérieure est assurée par la couture, ce ne sont pas
des livres simplement collés).
Sinon, le fait d'être une
micro-structure me facilite bien sûr les choses en termes d'éco-responsabilité
: le bilan carbone de Vert Pomme est majoritairement lié à mes propres actions.
Je dématérialise donc le maximum
de choses, échanges de courriers, compta, archivages de toutes sortes, me
limitant au strict nécessaire de papier. Et pour les autres choses « du
quotidien », parce qu'il n'y a pas que l'impression des livres, eh bien
j'agis pour Vert Pomme de la même manière que pour ma vie personnelle :
regroupement des déplacements et des expéditions, matériels à faible
consommation d'énergie, fournitures et consommables respectueux de
l'environnement (autant que possible...), expéditions en courriers
« verts »... j'en oublie sûrement.
3. J'ai beaucoup apprécié que
les albums soient en même temps documentaires (et documentés).
Pourquoi avoir choisi cette
présentation (cf. des minis bandes-dessinée accompagnées d'un dossier plus
développé du thème abordé) ?
Merci ! Cela existe déjà ailleurs
dans la littérature jeunesse « verte », je m'applique à le rendre
systématique et agréable pour tous dans les livres de Vert Pomme.
Comme je l'ai dit précédemment,
j'aime beaucoup la bande dessinée, et présenter les histoires de la sorte en
première partie me semble intéressant à plus d'un titre, notamment parce je
pense que l'on peut peut-être faire des
choses un peu plus décalées en BD que dans les albums illustrés plus classiques
(dans le ton, le rythme, le graphisme même) et que cela aide à faire passer
l'idée générale du livre, forcément engagée...
Après l'histoire, le fait que je
m'adresse tout autant aux écoles (qui généralement exploitent ce type de
livres, dans des projets de classe liés au jardin, à la découverte du monde
etc.) qu'au grand public (qui peut être complètement novice en matière
d'écologie...) entraîne forcément la présence des petits bonus, avec des pistes
d'apprentissages complémentaires et des activités.
Il me semble que cela peut aider
les enseignant(e)s dans leurs préparations, et les familles dans leurs
discussions « d'après-lecture » ou leurs activités des mercredis
pluvieux... Pour que tout le monde s'y retrouve, j'essaie toujours d'inclure un
jeu ou une activité qui convienne aux plus petits, en plus des informations
destinées aux grands et aux adultes.
4. A quel public destinez-vous
ces albums ?
En quoi apportent-ils un plus
par rapport aux autres albums ?
Eh bien tout le monde peut y
trouver son compte, je pense. Il n'est pas nécessaire d'être un superhéros de
l'écologie pour se plonger dans les histoires, qui portent sur des thèmes assez
variés bien que se rattachant toujours à la préservation de la biodiversité et
tout simplement au respect du vivant. Le ton reste assez léger, il y a des
petits animaux que les enfants apprécient... Il peut y avoir plusieurs niveaux
de lecture.
Le point commun entre tous les
ouvrages est juste qu'après les avoir lus, il faut s'attendre à avoir appris
des choses – ce qui, peut-être, n'est pas le cas dans l'ensemble de la
production jeunesse !...
Comptez-vous publier vos
livres sous d'autres formats?
Le débat est toujours là,
concernant les livres pour enfants, entre le souple et le cartonné...
Il est évident que les coûts de
production ne sont pas les mêmes et c'est forcément un élément de choix
lorsqu'on pense à l'impression. Je n'ai pas vocation à faire des « beaux
livres », donc j'ai choisi le souple (mais en dos carré – cousu – collé,
un gage de résistance) en partie à cause de cela mais aussi parce que la
manipulation est simple pour les petits lecteurs, parce que le poids est plus
faible qu'un cartonné (quand on expédie les livres par la poste, ça compte...)
et que le rangement dans les bibliothèques est très facile ainsi ! Avis
d'enseignantes à l'appui...
Le format horizontal convient
bien à ces petites bandes dessinées, et en effet ils ne sont pas trop petits,
donc ils permettent que le travail des illustrateurs soit mis en valeur.
J'aimerais vraiment diversifier
les supports, le délai étant un peu en fonction de la manière dont les premiers
ouvrages se vendent car pour le moment je suis à la limite de l'équilibre...
voire en-deça.
Créer des livres-jeux, proposer
un ou plusieurs calendrier(s) à thème, adapter les ouvrages au format
numérique... ce serait des petits « plus ». Maintenant, le format
horizontal que j'ai choisi pour les BD papier se prête difficilement aux
formats habituels d'e-books donc il faut une autre façon de faire, et qui
s'adapte si possible au plus grand nombre possible d'équipements, c'est une
réflexion à mener, avec une étude de coûts. Les versions électroniques pourront
aussi contenir des bonus encore différents de ceux des livres, films, autres
jeux... là aussi, une étude est en cours.
Donc je n'ai pour le moment rien
de très concret à ce sujet, mais ça viendra !
6. Espace de libre expression,
vous pouvez parler de ce que vous voulez (actus, prochaines parutions, salons,
coup de cœur, coup de gueule etc)
L'année prochaine, le rythme des
publications ne pourra pas encore être très important : là, déjà, 5 livres en 9
mois, c'est beaucoup... Mais il y aura plusieurs belles histoires, qui
ouvriront encore la collection sur d'autres sujets « d'intérêt
général », et servies par de chouettes illustrations. Le principe restera
le même, une petite BD et des pages pédagogiques.
Le rythme des salons va quant à lui
augmenter un peu, j'espère que la notoriété de Vert Pomme montera
progressivement et que cela permettra aussi aux auteurs de participer à des
événements intéressants et/ou d'être sollicités pour des interventions,
dédicaces etc.
Ce que je souhaite aussi, dans un
avenir proche... c'est tout simplement un meilleur accueil dans les librairies.
J'avoue être assez surprise par le système actuel, où la question des retours
est prépondérante. La production jeunesse est tellement importante que les
points de vente ont un « turn-over » qui n'est pas vraiment
compatible avec un vrai travail de libraire (à mon sens), ni avec un vrai
développement de la petite édition. Comment peut-on s'entendre sur la mise en
valeur des livres si le point essentiel est le retour des invendus ?... C'est
très limitant si cela devient une condition sine qua non, même dans les
librairies indépendantes, et je trouve que c'est assez significatif d'un
malaise général dans la chaîne du livre.
Par ailleurs, les a priori sur
les livres souples chez les libraires ayant la vie dure (enfin, quasiment tous
les livres pour adultes le sont, avec des prix parfois élevés), c'est
pénalisant. Pourvu que ça change !...
Voilà, je crois que c'est tout
pour le moment... Vraiment, un grand merci pour ce focus !!!
Je suis vraiment heureuse d'avoir appris tout cela. MERCI beaucoup à Séverine Dalla d'avoir pris le temps de répondre à mes questions.
(Re) Découvrez les ouvrages déjà chroniqués sur Parfums de Livres:
Commentaires
Enregistrer un commentaire